Accueil > Actualités > À Marseille, l’ancienne base des sous-marins allemands reconvertie en data center (le parisien du 04.11.2019)
Retour
Actualités

À Marseille, l’ancienne base des sous-marins allemands reconvertie en data center (le parisien du 04.11.2019)

Un chantier colossal a transformé le site militaire qui devait accueillir les U-Boots allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, implantée sur les quais du port de Marseille (Bouches-du-Rhône), elle devait servir d'abri aux sous-marins allemands. Trois quarts de siècle plus tard, l'ex-base militaire se transforme en centre de stockage de données numériques au terme d'un chantier colossal de 140 millions d'euros mené par le groupe Interxion. Ce dernier exploite déjà une quarantaine de data centers en Europe (à Paris, Bruxelles, Amsterdam, Francfort, Copenhague, Madrid).

Construite à partir de 1943 par des ouvriers du STO (Service du travail obligatoire), des Français réquisitionnés par les nazis durant l'occupation pour participer à l'effort de guerre allemand, la base Martha de la Kriegsmarine (marine de guerre, en allemand), avait été pensée par l'état-major du IIIe Reich comme l'un des maillons du mur de la Méditerranée. Mais Martha n'a jamais été mise en eau. Après guerre, le site n'avait jamais été utilisé ni démoli, sa destruction s'avérant trop onéreuse.

L'imposant bâtiment militaire, long de 250 m, est loué pour quarante-neuf ans par Interxion. En cours d'aménagement, le data center sera capable de stocker des millions d'informations numériques pour des clients tels que Google, Amazon, Apple, Facebook… Des équipes s'installeront dès le 1er mars dans les premiers locaux livrés.

Une consommation équivalente à celle d'une ville de 20 000 habitants

Aujourd'hui en chantier, la base (avec des murs épais de 2,85 m et une toiture de 5 m d'épaisseur en béton brut pour résister aux bombes alliées) offrira, fin 2020, 6 800 m² de salles blanches (zones à l'abri de la poussière, à température et hydrométrie adaptées). Les clients d'Interxion y installeront leurs machines de stockage dans d'immenses box destinés naguère aux U-Boots de classe 4, des sous-marins de 35 m qui patrouillaient en Méditerranée.

Ce data center consommera 25 mégawattheures, l'équivalent d'une ville de 20 000 habitants. Sa température sera maintenue entre 24 et 25 °C pour éviter la surchauffe des serveurs grâce à un système de « river cooling » qui utilise l'eau provenant de l'ancien réseau minier de Gardanne.

« C'est la transformation d'un site historique en site numérique, dit Fabrice Coquio, président d'Interxion France, qui a déjà ouvert deux centres à Marseille et en prévoit déjà deux autres. D'habitude, nous construisons nos data centers dans des bâtiments neufs. Mais là, nous sommes près des câbles sous-marins, ce qui apporte un avantage en termes de vitesse à nos clients. »

"Les treize câbles sous-marins ou terrestres qui arrivent à Marseille font de la ville le dixième hub (NDLR : plaque tournante) mondial de connexions télécoms et numériques, une place stratégique vers l'Europe, le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie", note Fabrice Alimi, vice-président de la chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence.

"Aujourd'hui, avec les data centers, les géants du numérique se sont penchés sur Marseille et commencent aussi à y acheter des entrepôts pour leur logistique". Fin 2020, le premier câble sous-marin reliant directement l'Amérique du Sud à l'Europe arrivera à Marseille depuis le Brésil, ce qui réduira encore le temps de transmission des données.

By Marc Leras
Nous écrire
Les champs indiqués par un astérisque (*) sont obligatoires
Nos références