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La Minute Immo : explosion des arrêtés de péril à Marseille après le drame de la rue d'Aubagne (BY LA PROVENCE DU 23 MAI 2019)

264 arrêtés de péril grave et imminent ont été pris à Marseille ces six derniers mois, soit six fois plus qu'en 2016 sur toute l'année. Le nombre d'arrêtés de péril s'est très fortement accentué suite à la catastrophe de la rue d'Aubagne.

 

Un peu plus de six mois après le drame de la rue d'Aubagne, le 5 novembre dernier, avec l'effondrement de deux immeubles et le décès de 8 personnes, il ne reste que très peu de traces de cette catastrophe sur place. L'intégralité des débris ont été dégagés, le sol a été lissé et un grand coup de peinture blanc écru et gris a été donné... Pour autant, cet événement a fortement marqué la ville de Marseille et a impacté de nombreux secteurs d'activité, à commencer par l'immobilier. "Cet effondrement a eu une multitude de conséquences, à de très nombreux niveaux", confie ainsi Fabrice Alimi, le président du Club Immobilier Marseille Provence.

Cet épisode dramatique a tout d'abord engendré un effet psychologique conséquent. "Les possibles acquéreurs se renseignent énormément sur l'état du bien, avec des questions techniques, et ils ont besoin d'être beaucoup plus rassurés qu'auparavant. Une cage d'escalier mal entretenue, par exemple, peut tout de suite faire douter de la solidité du bâtiment, voire éventuellement à les pousser à renoncer à leur achat. S'il est parfaitement compréhensible que les acquéreurs fassent preuve de vigilance, celle-ci ne doit pas non plus virer à la phobie", estime Michel Lechenault, responsable éditorial du groupe SeLoger.

"Il y a une sensibilité toute particulière des personnes, qui font constater divers signes et pathologies de l'habitat ancien. Mais on ne peut pas décemment reprocher aux gens d'avoir une telle sensibilité compte tenu de l'événement qui s'est déroulé rue d'Aubagne", indique de son côté Paul Guillet, avocat associé au sein du cabinet Provansal D'Journo Guillet, basé à Marseille.

 

Multiplication et accélération des arrêtés de péril

Cette sensibilité décuplée a notamment entraîné une très forte multiplication des arrêtés de péril pris par la ville de Marseille. "Pour l'heure, 264 arrêtés de péril grave et imminent ont été pris depuis la catastrophe, entraînant l'évacuation du bâtiment et le relogement des habitants, afin que des travaux soient menés", précise Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille délégué aux marins-pompiers et à la gestion des risques urbains. "Cela représente une très forte accélération, qui a notamment eu lieu dans les tout premiers mois suivant le drame de la rue d'Aubagne. Mais cela a tendance à se calmer désormais", ajoute-t-il. Ce chiffre de 264 arrêtés représente une augmentation conséquente en comparaison des précédentes années : 35 avaient été pris en 2015, 43 en 2016, 57 en 2017 et 48 jusqu'en octobre 2018...

"Le drame de la rue d'Aubagne a considérablement accéléré les choses. Le greffe du tribunal administratif a ainsi été sur-sollicité", précise Paul Guillet. Selon le site internet de la ville, les derniers arrêtés d'interdiction d'occuper pris concernent la rue des Petites Maries dans le 1er arrondissement, l'avenue Camille Pelletan et la rue Hoche dans le 3e, la rue Pautrier dans le 4e, ou encore sept bâtiments de l'avenue Salengro dans le 15e... "Mais il ne faut pas faire reposer la responsabilité sur la ville de Marseille, qui n'est que l'organe qui initie la procédure de mise en péril d'un bâtiment à condition qu'elle soit informée. Beaucoup de locataires ou de voisins ont décidé de saisir la ville après certaines pathologies constatées : fléchissement de planchers, fissures... La plus sournoise des pathologies est sans conteste l'infiltration d'eau, qui ne se voit pas mais qui peut attaquer les éléments de la structure, favorisant le développement de champignons lignivores", détaille l'avocat, se basant sur les nombreux cas pour lesquels il est saisi ou consulté.

 

Une prise de conscience et les premières actions

Paul Guillet ajoute également une raison expliquant la fragilisation de certains bâtiments marseillais. "La suppression des cloisons est une grande spécialité locale. Mais cela peut occasionner une fragilisation de l'ensemble du bâtiment... De nombreux cas nous sont ainsi remontés, et il faut absolument cesser de réfléchir pour soi et s'entourer de professionnels compétents dans le cadre d'une rénovation ! On ne peut que souhaiter que le sinistre de la rue d'Aubagne fasse réfléchir tant les particuliers que les professionnels."

Au-delà, des décisions et des actions ont également été prises et menées. "Nous venons, par exemple, de signer une charte avec notamment les propriétaires et les syndics de copropriété pour faire en sorte que des audits soient menés bien en amont, pour éviter qu'un tel drame ne recommence", souligne Julien Ruas.

 

By La Provence Par Julien Pompey

@Photo Julien Pompey

 

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