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La transition environnementale: le grand défi de 2020 (massiliamagazine le 12/02/2019)

Les 5e Assises de la Transition Energétique, organisées sous l’égide du Club de l’Immobilier Marseille Provence et en partenariat avec GRDF, se sont déroulées, le 5 février 2019, au Mucem avec quelque 370 participants. Cette nouvelle édition appelée «Vers la transition écologique!» a été placée sous le parrainage de Brune Poirson, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre d’Etat Ministre de la transition écologique et solidaire. L’objectif de la prochaine édition est d’avoir la dénomination Assises de la transition environnementale.

C’est avec un exemple symptomatique et des données chiffrées que Fabrice Alimi, président du Club de l’Immobilier Marseille Provence, a introduit la 5e édition des Assises de la Transition Energétique qui a rassemblé plus de 370 personnes dont Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment durable, de nombreux professionnels et des élus dont notamment Roger Méï, maire de Gardanne, Robert Assante, adjoint à l’environnement de la ville de Marseille: «Pour fabriquer une bouteille d’eau en plastique d’un litre, il faut 3 litres d’eau. Par ailleurs, quand à Madagascar, 10 litres d’eau par jour et par habitant sont consommés, ici cela s’élève à 130 litres… Plus le temps passe, plus nous nous rendons compte comme nous jetons toute cette énergie. La transition écologique est, de ce fait un vrai challenge pour préparer le monde de demain ! »
De son côté, Viviane Repelin, directrice Business Développement et marché d’affaires à GRDF PACA s’est réjoui de l’évolution de cet événement au fil des ans. « Nous prenons le bon chemin. La première pierre est posée pour une région plus vertueuse !

 

Le défi clé de l’avenir
« Marraine de cette 5e édition, Brune Poirson, Secrétaire d’Etat au près du Ministre d’Etat, Ministre de la Transition Ecologique, a déclaré dans le cadre d’un message vidéo enregistré que cette édition était essentielle: «Cette 5e édition des Assises prouve que de plus en plus d’acteurs sont prêts à mettre en œuvre la transition énergétique, et surtout de l’accélérer. C’est le défi clé de l’humanité en ce début de 21e siècle. Il en va de l’avenir de notre planète et de notre biodiversité. Les dernières semaines ont montré à quel point la transition énergétique est au cœur des débats sociétaux ! » La transition écologique est en somme, selon elle, une bataille quotidienne : «Tous les gestes comptent, les petits comme les grands, et toutes les initiatives que vous avez mises en place participent à cette dynamique. Je pense notamment au dispositif « Smart Avenir énergies », qui est basé sur le principe de la solidarité énergétique régionale. Les professionnels de talent s’allient pour améliorer la qualité des logements et, avec elle, optimiser la consommation d’énergie de tous. Si c’est bon pour la planète, c’est aussi et surtout une bonne nouvelle pour le porte-monnaie de chacun ! »
Béatrice Aliphat, maire de Saint-Mitre-les-Remparts, conseillère régionale et conseillère métropolitaine en charge de l’industrie et des réseaux d’énergie, a, quant à elle, révélé que « le coût de l’énergie, c’est 5,5 milliards d’euros pour la métropole Aix-Marseille Provence. C’est absolument colossal ! La production de sources renouvelables ne représente que 30 % de la production, et 5% de la consommation… Nous avons donc d’importantes marges de manœuvres. » L’enjeu est par conséquent de réduire la facture énergétique pour tous, et en particulier pour les industriels et les commerçants. «Il s’agit de générer de l’économie locale et de favoriser la création d’emplois. La filière de l’éolien flottant représente 4500 emplois jusqu’à 2035», a t-elle évoqué.


Une métropole zéro carbone
La première table ronde a porté sur le sujet En route vers une région et une métropole zéro carbone. Philippe Bonnet, directeur RTE et président du collectif EcoWatt, a tout d’abord dressé le bilan de la production et de la consommation électrique dans la région. «Il y a un évolution de la énergies conventionnelles vers les énergies renouvelables. Sur l’année, la Région produit 50% de ses besoins en électricité mais ce taux varie selon heures et les besoins.»

En 2019, la consommation électrique a été stable voire a baissé un peu. «Sur l’année, la région produit 25% de ses besoins en électricité à partir de sources d’énergies renouvelables», a t-il rajouté. En 2018, il y a eu une couverture totale des besoins. L’énergie est son sens un patrimoine irremplaçable, indémodable et incertain. «C’est pourtant une source d’énergie complémentaire au nucléaire. Or, il n’est plus possible de construire de grands barrages comme ce fut le cas autrefois.» Le vrai potentiel réside avant tout dans le soleil. La région sud est la première région en terme de densité de France mais la seconde après l’Occitanie en terme de puissance.
Puis, Jean-Marc Mertz, DGA d’Aix Marseille Provence en charge de l’eau, de l’assainissement, de la propreté et des déchets et Hervé Madiec, directeur régional de Suez Eau France mis en exergue la géolide, plus importante injection de gaz vert en France à partir de la station de traitement des eaux de Sormiou. «C’est un investissement de 9 M€ apporté par la métropole, Suez, l’Agence de l’Eau et l’Ademe», ont t-il confié. Cette construction à proximité des calanques fonctionne depuis une semaine. Géolide, le nouveau complexe des eaux usées de Marseille, constitue une référence européenne dans le domaine de l’assainissement. Il intégre non seulement l’ensemble des contraintes environnementales mais aussi les techniques de traitement les plus modernes et les plus performantes du moment. En agissant pour son environnement exceptionnel et en valorisant ses ressources naturelles, la métropole s’engage pour améliorer chaque jour la qualité de vie des habitants.


Autre invité de marque de cette opération, Olivier Charles, le PDG d’Apt Union, une entreprise qui existe de puis cinquante ans et qui a un effectif de 250 salariés. Elle a un chiffre d’affaires de 35 M€. L’exportation représente 75 % du chiffre d’affaires. Ce sont quelque 10 000 tonnes de fruits qui sont transformés par an. 80 % des fruits sont achetés localement. Il y a trois usines sur le site. Ce sont 250 000 m3 d’effluents par an et trois mille tonnes de sucre qui sont rejetés. Une station d’épuration a été réalisée dont le coût d’exploitation représente 1,3 M€.

 

Un dispositif efficace et évoluant
Cet événement a ainsi également été l’occasion de dresser un bilan concernant le dispositif « Smart Avenir énergies », deux ans après son lancement. « Cela a permis de rendre 7 millions d’euros de pouvoir d’achat, avec 83 200 000 kWh électriques libérés. Ça représente l’équivalent de 55 000 voitures électriques, alors que, par an, il y a environ 31 000 immatriculations de ce type de véhicules… C’est colossal ! De plus, ce dispositif a permis la création de plus de 200 emplois locaux. On peut donc saluer cette initiative », a souligné Fabrice Alimi. Fort de ce succès, Smart Avenir énergies va d’ailleurs évoluer. « Une évolution majeure est dévoilée lors de ces cinquièmes assises de la transition énergétique, avec le lancement du « Pass Smart Green Energies ». L’idée est qu’aujourd’hui, n’importe quel utilisateur, où qu’il soit, sans technologie et sans investissement, peut avoir accès aux énergies renouvelables en utilisant les réseaux électriques ou les réseaux de gaz. Pour en bénéficier, rien de plus simple : il suffit d’en faire la demande auprès du fournisseur d’énergie qu’on a choisi. La grande révolution est qu’aujourd’hui, ces énergies renouvelables sont au même prix que les énergies conventionnelles et classiques. Il n’y a donc plus qu’un pas à franchir. En clair, l’énergie renouvelable est aujourd’hui disponible pour tous ! », explique Damien Roshina, chef du marché aménagement chez GRDF Sud-Est.

Nihad Araham, responsable du développement foncier à Immalliance qui a réalisé l’opération La Pinède à la Penne-sur-Huveaune a insisté sur la nécessité de remettre du lien social au cour du dispositif. «Nous avons mis en place des jardins partagés et une ruche avec un apiculteur qui recueille le miel pour les résidents», a t-elle confié. Pour Fabrice Alimi, cette démarche est intelligente. «C’est malin et moderne car l’objectif est de partager. Nous sommes aguerris pour demain.»

Thierry Chambrade de Cogedim a mis en exergue au rôle majeur d’une opération HQE qui donne lieu à des objectifs thermiques importants. «Le gaz de plus en plus vert permet de réaliser ces objectifs avec des enjeux essentiels pour le bien-être des habitants et des atouts pour le pouvoir d’achat.»
De son côté, Nicolas Baufenti de la Sagec a relaté la convention pour 500 logements. Les avantages de Smart Avenir se perçoivent dans le mix énergétique. L’électricité est intéressante pour l’usage domestique tandis que le gaz vert est utilisé pour le chauffage.
De son côté Viviane Repellin s’est félicitée de ces démarches: «Nous devons aller plus loin pour une région plus vertueuse.»
En conclusion de la première partie, Laure Agnès Caradec, adjointe au maire déléguée à l’urbanisme et présidente d’Euroméditerranée, a évoqué l’impérieuse nécessité de faire de la pédagogie. «Le temps de construire la ville et de mettre en œuvre ces dispositifs est long. Nous devons nous poser des questions tous les jours. Entreprend cela par le prisme de l’énergie est fondamental. Euroméditerranée est un lieu d’expérimentation, un terrain de jeu pour les opérateurs. Il faut redevenir logique, pragmatique, sans dogme, ne pas simplifier les choses. Dans la conception, la réalisation, l’objectif est d’être sans cesse innovant.»

Le bâtiment, un enjeu majeur
La seconde table-ronde a porté sur la transition écologique dans les projets immobiliers.
Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment durable a insisté sur la vision politique posée par l’Etat. «A l’horizon 2050, l’objectif est d’avoir zéro carbone. Une future réglementation serait prévue pour 2020.» Ce plan Bâtiment durable est en fait un réseau pour mobiliser tous les acteurs. La prochaine réglementation ne sera pas thermique. Le sujet est énergétique et surtout environnementale avec la bonne isolation et le poids du carbone dans le bâtiment. Il faut prendre en compte le confort d’été. Plusieurs données sont essentielles comme la qualité de l’air intérieur, l’isolation acoustique.

Florence rosa, architecte et directrice générale de BDM, a expliqué la démarche environnementale de BDM. «Nous sommes en phase d’expérimentation avec 1,5 M de m2 dans la région Sud. Nous accompagnons tout projet de la phase de conception à la phase de réalisation jusqu’à la phase d’usage. Nous sommes dans une phase de partage et de retour d’expérience. Le confort d’été n’avait pas été pris en compte jusqu’à présent». Elle a mentionné une opération exemplaire, «Les roses de Provence» (architectes Magali Granier et Naturarch B Grimaud) avec 35 logements à énergie positive reconnues BDM en phase de réalisation.
Dans la catégorie projets durables, Aymeric de Alexandris, directeur régional Icade Provence Alpes, a proposé avec Maxime Claude, architecte au cabinet Corinne Vezzoni et associés, le Thémis, un bâtiment en bois de 10 000 m2 à Paris. «C’est une confrontation de deux mondes, le béton et le bois avec des objectifs définis à sa voir l’isolation thermique, le confort des usagers», a estimé l’architecte. C’est pour le maitre d’ouvrage, «un véritable changement de paradigme pour les investisseurs et les locataires.» Un second bâtiment de 30 000 m2 a été lancé et un troisième de 80000m2 est en cours de réalisation.

Autre volet de cette table ronde la biodiversité, un concept nouveau dans l’acte de construire et donc difficile à appréhender. Pour Cédric Plantaz, directeur de recherche à l’Irice, les effets de l’urbanisation se font ressentir avec plusieurs conséquences et notamment les pollutions, le changement de climat, l’apparition d’espèces invasives, la surexploitation des ressources.
Aujourd’hui plusieurs données apparaissent fondamentales. Tout d’abord 67% de la population sera citadine en 2050. Ensuite, 70% des Français choisissent leur lieu de vie en fonction de la présence d’espaces verts. La biodiversité semble ainsi un sujet incontournable.

En conclusion de cette 5e édition des Assises, Fabrice Alimi a mis en exergue la nécessité d’un changement radical : «Il faut modifier les comportements, bouger les lignes. Nous sommes en bonne voie. Il faut se poser les bonnes questions et prendre en compte l’usage. Nous devrions prendre un tournant pour cette sixième édition en appelant ces prochaines assises, Assises de la transition environnementale.».


Par Jean-Pierre Enaut

 @Photo Jean-Pierre Enaut

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